Mieux protéger la ressource

Entamé en avril dernier, l’important chantier de sauvegarde des zones de captage de Jumel, mené par l’ATMB, bat son plein. Un programme à 6 millions d’euros pour, notamment, collecter toutes les eaux pluviales provenant de l’autoroute et prévenir de toute pollution.

La ressource en eau de Cluses provient de trois points de captage situés sur une distance de près de 2,5 km : celui de Pressy (aux Esserts) qui fournit entre 50 et 60 % des ressources en eau potable de la commune, le captage de Jumel (une nappe d’eau souterraine dont le puits se situe à proximité de l’autoroute) qui produit selon les années, entre 27 et 30 % des ressources en eau, et le troisième à Nancy-sur-Cluses (15 et 20 % de la production).

« En tout, cela représente un peu plus d’un million de mètres cubes d’eau délivré aux Clusiens chaque année » explique Jean-François Reboul, directeur général des services techniques de Cluses et directeur général adjoint de la Communauté de communes Cluses Arve et montagnes. « L’usine de production de Jumel intervient donc pour un tiers dans cette ressource qu’il faut à tout prix protéger. La zone fournit 1 200 m³ d’eau portable par jour » poursuit le responsable.

Un chantier à part

Mais Jumel est une ressource complexe située à la Maladière, un secteur particulier avec l’Arve et la véloroute d’un côté, un tissu industriel important, des voiries SNCF et l’autoroute de l’autre… Alors que cette nappe phréatique est considérée comme superficielle (elle n’est pas très profonde), et où une pollution pourrait donc avoir des conséquences importantes, voire désastreuses.

Depuis plus de deux ans, Cluses et Autoroutes et tunnel du Mont-Blanc (ATMB) ont donc monté un partenariat opérationnel avec un important chantier de sauvegarde des zones de captage, démarré en avril dernier et qui devrait se terminer au printemps 2022. « Ce chantier entre également dans un programme plus large porté par ATMB qui vise à préserver le territoire et à protéger toutes les ressources en eau potable qui sont traversées par l’A40 et la RN 205 » relève Carole Daguet, responsable d’opérations investissements à ATMB.

Deux secteurs de travaux sont concernés à Cluses : le long de l’autoroute et un autre à l’extérieur pour la création de bassins de récupération. Sur l’autoroute, la finalité est de pouvoir collecter sur 2 km, toutes les eaux de ruissellement de façon étanche et imperméable à travers des caniveaux et des canalisations pour faire une traversée sous l’autoroute et les emmener dans ces bassins multifonctions avant de les rejeter en milieu naturel.

Si le chantier peut paraître long (11 mois de travaux), le secteur étriqué ne permet pas de raccourcir les délais, d’autant que 22 000 véhicules jour circulent sur cette portion.

Explication des travaux

En plus des travaux sur l’autoroute et ses bretelles, sept bassins multifonctions (six créés et un réaménagé) doivent, en plus de récupérer les eaux de pluie, permettre de traiter la pollution chronique, celle que l’autoroute et la circulation génèrent (poussières des freins, sel…).

Ces bassins vont donc traiter la pollution par décantation mais pourront également prévenir d’autres pollutions, accidentelles par exemple. « Les bassins sont dimensionnés pour recevoir le déversement d’une citerne » souligne Carole Daguet.

Dans les faits, en cas d’accident, un patrouilleur aura une heure pour intervenir, fermer la vanne en sortie du bassin concerné, attendre que la pollution monte et une fois rentrée, elle sera piégée et enlevée (par pompage). Les autres eaux propres seront contournées grâce à un système “by-pass”.

Un procédé expérimental en prime

Le chantier de Jumel représente également un engagement pour les entreprises de travaux afin d’intégrer des personnes en insertion (sur le chantier, cela représente 2 400 d’heures d’insertion).

Deux partenariats “environnementaux” et “solidaires” ont aussi été conclus, notamment avec l’association Alvéole pour la promotion de l’ensemencement local. Pour le second, il s’agit d’un partenariat avec la société Rhizomex, une première pour ATMB. Une expérimentation qui consiste à valoriser la renouée du Japon, cette plante extrêmement invasive qui aime l’eau et qui se développe de manière exponentielle grâce à son rhizome (sa tige souterraine).

La société utilise un procédé pour pouvoir séparer autant que possible le rhizome des terres impactées, ce dernier étant ensuite revalorisé pour la filière cosmétique. L’intérêt est double, puisque les terres débarrassées des rhizomes peuvent être réemployées derrière. Un suivi sera également mené pour surveiller la repousse de la renouée dans le temps.

 

Inspiré de l'article du Dauphiné du 07 oct.2021

 

 

Le chantier de Cluses n’est que le premier d’une longue série avec sept autres prévus pour un programme sur cinq ans et un budget total de 20 millions d’euros. D’autres captages seront à protéger : aux Houches, à Sallanches (l’année prochaine), à Marnaz, Bonneville, Saint-Pierre-en-Faucigny, et au tunnel du Vuache. PROFILS ETUDES réalisera notement ceux de SALLANCHE et de MARAZ.